Les " fusillés " de la Résistance bas-alpine

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Les « fusillés » de la Résistance bas-alpine

Cette base de données a été constitué à partir des 240 fiches relatives aux morts de la Résistance bas-alpine, conservées aux Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence sous la cote 19 J 5 et 6. Ce sont les fiches des « fusillés », vocable qu’il faut comprendre au sens le plus large.

Les fiches sont les copies des fiches d’un fichier qui, en 1970, en comprenait environ 20 000, classées par ordre alphabétique du patronyme. Le « comité d’histoire de la 2e guerre mondiale », placée sous l’égide des services du Premier ministre, avait alors pensé qu’il serait utile que des photocopies de ces fiches soient mises à la disposition des correspondants dans les départements [1]. C’est ainsi que l’archiviste départemental et correspond local du comité fut le destinataire de sept envois, entre la fin de l’année 1970 et le 10 juin 1971, soit au total 240 fiches.

Les « fusillés », compris au sens strict, sont les plus nombreux, mais le fichier concerne aussi des résistants morts en combattant ou des suites de leurs blessures. Il faut en effet le comprendre dans un sens très large. Dans son courrier, le comité précisait en effet que :

« Peut-être trouverez-vous parfois une fiche se rapportant à une victime qui, selon vous, n’a pas été, à proprement parler, « fusillée » mais par exemple, tué au combat. Il faut alors se rappeler le critère retenu par le Ministère : la qualité de « fusillé » est accordée à la victime s’il y a eu « arrestation préalable », cette condition étant interprétée assez largement ; on admet même, dans certains cas, la « présomption d’intention d’arrestation ».

Un résistant mort en combattant aurait pu en effet être arrêté puis fusillé s’il avait survécu au combat. Il y a donc bien présomption et bien que l’intention allemande ne soit pas prouvée. Ceux qui sont morts des suites de leurs blessures, même loin du lieu d’affrontement et sans avoir été faits prisonniers, entrent aussi dans cette catégorie.

Les renseignements délivrées par les fiches sont sommaires : numéro de la fiche (avec un numéro supplémentaire spécifique aux Basses-Alpes), identité du « fusillé », sa profession (rarement), sa date et son lieu de naissance, son domicile, son groupe d’appartenance à la Résistance (FTP – francs-tireurs et partisans –, AS – armée secrète –, FFI – Forces françaises de l’intérieur nées de la fusion en février 1944 des principaux mouvements de résistance, AS, ORA (l’organisation de résistance de l’armée), FTP… –, « résistant », « agent de liaison »). Mais il y a aussi des civils, hommes et femmes, juifs ou non. Les fiches rappellent aussi la date et le lieu du décès et ses circonstances (« tué », « fusillé », « abattu », « mort au combat », « brûlé vif », « exécuté », « mort des suites de ses blessures »). Des remarques ont été ajoutées qui apportent des précisions sur les rôles tenus pendant la guerre – « chef de groupe », « capitaine »…–, et qui précisent sur l’engagement du résistant, son décès et son inhumation… Gaston Bonnet, né à Beaujeu en 1897 mais demeurant à Beauvezer, a ainsi été « exécuté en franchissant un barrage défendu par les Allemands à l’Alp-Hôtel de Beauvezer » puis « inhumé à Beauvezer ».

Il faut prendre néanmoins ces informations avec un esprit critique, point sur lequel insistaient en 1971 les membres du comité : « Ces fiches sont de valeur inégale, les renseignements qu’elles portent étant plus ou moins abondants ou précis ». Ainsi, pour les morts du maquis de Bayons, imputés à la « milice Waffen SS » française, il convient de rappeler que c’est une opération qui mobilisa des troupes allemandes et ses auxiliaires français de la 8e compagnie Brandebourg, une unité spéciale qui n’a rien de commun avec la milice ou les SS. Ces fiches sont en effet le produit d’un état de la connaissance à un moment donné, partagé par leurs rédacteurs.

Certains résistants de cette base apparaissent sur la base consultable sur le site Mémoire des Hommes, nommée « Morts en déportation » mais qui concerne en réalité les victimes civiles mortes en déportation mais aussi fusillées ou, pour les travailleurs, décédées en Allemagne. Ferdinand Jules Garcin est ainsi sur les deux bases. Né à Saint-Paul-sur-Ubaye le 23 août 1899, douanier, il a été fusillé à Jausiers le 16 juin 1944 à l’âge de 44 ans.



[1] AD AHP, 19 J 5, courrier du comité d’histoire de la 2e guerre mondiale à l’archiviste des Basses-Alpes, sans date.