État des fonds
Les archives du département des Basses-Alpes, puis des Alpes-de-Haute-Provence, ont la particularité d'avoir eu jusqu'à présent une vie peu mouvementée : pas de sinistres, pas d'accidents, peu de déménagements (deux seulement au total). Elles sont donc placées " sous le signe de la continuité " comme l'écrivait Raymond Collier, directeur des Archives de 1946 à 1986, puisque les archivistes y sont également peu nombreux : huit depuis Cyriaque-Union ISNARD, premier véritable archiviste nommé en 1841, avec une moyenne d'exercice de presque 21 ans chacun…
Le plus ancien document conservé aux Archives départementales semble être celui de 1214 relatif à la famille CORNUT de LINCEL ; il se trouve dans la sous-série 1 E, dans ce fonds appelé autrefois " fonds familles " et qui est comparable à la série J des fonds entrés par voies extraordinaires ; une série intéressante pour l'étude des seigneuries et des familles haut-provençales.
Cependant, c'est le fonds des archives notariales qui est, sans conteste, l'ensemble le plus ancien et le plus cohérent du service : un ensemble de plus de 23 000 registres représentant près de 1 800 mètres linéaires et commençant en 1303.
Les archives des communautés d'Ancien Régime sont particulièrement riches et complètes grâce à une organisation municipale tôt constituée et soucieuse des traces écrites : des registres de délibérations très bien tenus, écrits par des notaires, remontant parfois au XIIIe siècle (comme à Sisteron) ; on y trouve également les comptes, longtemps écrits en provençal, et surtout les terriers ou cadastres qui, parfois depuis le début de XVe siècle (comme à Reillanne), couvrent une longue période historique allant jusqu'à la Révolution. La plupart des documents anciens des communes bas-alpines sont déposées aux Archives départementales.
Les archives modernes sont toutes répertoriées et les analyses sont peu à peu intégrées dans une base de données. Leur importance reste relativement faible : elles sont à l'image du département durant cette période : un déclin économique et démographique, en particulier à partir de la seconde moitié du XIXe siècle (comme dans toutes les zones rurales) : en 1940 la population de tout le département n'excédait pas 90 000 habitants !
En revanche, les archives de la Seconde Guerre mondiale sont particulièrement riches, complètes, organisées. On y trouve notamment les archives du Comité départemental de Libération, les archives des camps, du S.T.O., service du travail obligatoire ; des documents concernant l'occupation italienne puis allemande, les problèmes de ravitaillement, de réquisitions, de marché noir ; enfin, la Résistance, l'épuration puis les dommages de guerre. Concernant les Juifs du département les documents y sont nombreux, microfilmés et numérisés ; s'y ajoute le fonds plus général de l'UGIF (Union générale des Israélites de France) qui s'était réfugiée en 1943 à Sisteron jusqu'à l'arrestation et la déportation de tous les membres du bureau ; et les archives sont restées là, dans cette maison de Sisteron jusqu'à leur entrée aux Archives départementales.
Quant aux archives entrées par voies extraordinaires, c'est-à-dire par don, dépôt ou achat (il n'y a jamais eu de dation en Haute-Provence), on y trouve en sous-série 1 J des pièces éparses tandis que les sous-séries de J représentent des fonds complets, variés de par leur origine, et souvent fort intéressants : archives de l'UGIF, fonds de la correspondance de Jean Giono, remise peu à peu par l'écrivain lui-même à l'archiviste, fonds d'érudits, d'Honnorat député, conseiller général et ministre, de l'architecte Bongarçon, des bibliothèques paroissiales ou celle de Philippe Néel, mari d'Alexandra David-Néel etc. Le dernier fonds entrés par don est celui de la famille de Villeneuve Esclapon, de valensole, du XVIIe au XIXe siècle ; le dernier achat important est composé de plus de 800 tirages photographiques originaux sur l'Ubaye, datés de 1890 à 1899.
Comme dans tous les départements, le service possède des collections iconographiques : nombreuses gravures, cartes postales et photographies parmi lesquelles on peut citer le fonds du service RTM, Restauration des terrains en montagne : plus de 2 000 plaques de verre représentant le département à la fin du XIXe siècle avant le reboisement ; ou encore l'acquisition récente d'un album de plus de 800 tirages photographiques sur l'Ubaye prises entre 1890 et 1899 par un militaire au fort de Tournoux. Les affiches y sont présentes en très grand nombre depuis la plus ancienne de 1505 concernant les foires de la Saint-Michel ; la collection est toujours enrichie et notamment par l'apport régulier d'un imprimeur du département.
La bibliothèque des Archives départementales a été constituée à partir de 1926 par les archivistes successifs puis enrichie par les achats, dépôts et dons.
Elle est exceptionnelle par la richesse des ouvrages et brochures qui la composent et représente le conservatoire de tout ce qui a trait aux Alpes-de-Haute-Provence ; on y conserve également certains ouvrages écrits par les Hauts-Provençaux indépendamment de leur contenu. Ouvrages religieux (la Haute-Provence est, sous l'ancien régime, une terre d'élection pour évêchés et communautés religieuses), ouvrages en provençal, ouvrages anciens (depuis 1549) mais aussi modernes et contemporains. Ils traitent des traditions populaires comme de la géographie, de l'histoire, du droit, de la littérature ou du patrimoine artistique ou monumental.
La bibliothèque comprend également des ouvrages de référence, revues et ouvrages généraux permettant la compréhension du contexte, l'accès aux documents d'archives et aux sources complémentaires.
Aujourd'hui, la bibliothèque est composée de plus de 16 000 ouvrages et brochures. Organisée, indexée et complètement informatisée, elle est continuellement enrichie selon une politique d'achat déterminée par le service.
Les collections de périodiques, parallèles aux fonds d'archives dont elles sont l'écho permanent, sont bien le reflet d'une société dont les archives sont les preuves : l'air du temps qui passe et les couleurs de l'actualité. Partie intégrante de la bibliothèque, les périodiques bénéficient pour leur gestion d'un traitement informatisé permettant, en temps réel, de connaître l'état exact de leurs collections.
Cette importante collection comprend 961 titres et constitue une très riche documentation. Les plus anciens journaux sont Le Journal hebdomadaire du département des Basses-Alpes, de 1804 à 1806, et Le Glaneur des Alpes qui date de 1808 ; le Journal des Basses-Alpes couvre la période 1837-1944 et Forcalquier a son propre journal à partir de 1843. Durant la Troisième république, la presse connaît un développement spectaculaire avec des journaux dans les principales villes : Barcelonnette (1882), Sisteron (1885), Castellane (1897).
Quelques collections généralistes sont également conservées parce qu'elles apportent des informations importantes du contexte historique national : L'Illustration ou la Revue des deux mondes.
Aujourd'hui nous continuons à alimenter les collections avec la presse départementale quotidienne, hebdomadaire ou mensuelle.
Depuis 1999, un dépouillement quotidien de la presse locale veut permettre aux chercheurs de balayer rapidement les principaux événements de l'année, de retrouver facilement un article dans cette grande masse de documents que représente la presse. Analyses et indexation des articles constituent une base de données disponible aux Archives et très bientôt interrogeable sur Internet